Je crois que c’est l’un de mes détours favoris… Le détour par les matières. Le coton, la laine, la soie, le lin… Les matières naturelles et d’une belle qualité. Moins mais mieux.
Moins de tissus, mais des beaux. Des matières nobles qui subliment une coupe sobre. Qui ne bougent pas au lavage (même si les T-shirt avec la couture de côté au milieu du ventre au bout de deux lavages, c’est terminé depuis que je couds ma garde-robe). Qui tiennent dans le temps, et que je prends plaisir à raccommoder si finalement au bout de 10 ans à les porter, il y a un accroc.
Dans notre changement de mode de vie opéré il y a 12 ans maintenant, nous avons modifié notre alimentation, les produits du quotidien pour l’entretien de la maison ou pour l’hygiène. Les choses simples en fait, et évidentes. Et c’est finalement assez tardivement, que je me suis posé la question de la toxicité du textile. D’ailleurs, je crois que je n’avais pas vraiment formulé de questionnement, c’est plutôt la réponse qui m’a heurtée de plein fouet un matin gris de novembre il y a 4 ans.
Des matières issues de l’agriculture biologique
J’avais pris rendez-vous avec Amandine Cha-Dessolier pour réaliser son interview en vue de la rédaction de mon premier livre, Coudre Initiation et perfectionnement. Je me suis rendue à son atelier et j’y ai passé la matinée à l’écouter parler avec passion et engagement de son travail. Et je suis ressortie à la fois impressionnée et K.-O. On s’empoisonne plus avec un textile conventionnel au contact de notre peau, qu’avec une alimentation non bio… Les pesticides dans un T-shirt en coton conventionnel laissent des traces toute la durée de vie du t-shirt… Il faut plus de 5200 litres d’eau pour produire 1 kg de coton… J’arrête là, la liste est trop longue et trop déprimante. Et l’idée n’est ni d’accabler, ni de juger. Je suis moi-même loin d’être irréprochable. Mais c’est important d’informer, pour permettre à chacun de faire ses choix et d’agir en conséquence et en conscience.
Aujourd’hui, pour ma petite entreprise, je ne travaille que des tissus qui portent le label GOTS. C’est un choix personnel motivé par une convergence de convictions plus qu’un positionnement marketing tendance. Et une façon de m’engager pour ce en quoi je crois vraiment : un mode de vie plus responsable, une consommation réfléchie. Moins mais mieux, encore une fois.
Des matières et des labels
Il existe de très nombreux labels, plus ou moins sérieux, reconnus, respectueux de l’homme et de l’environnement. Selon des dernières études publiées cette année, le GOTS reste le label le plus fiable. Je ne vous refais pas l’article, vous trouvez un point complet dans Coudre initiation et perfectionnement, avec également l’interview d’Amandine Cha-Dessolier. Je vous remets cependant ici en pdf le document le document édité par GOTS. Vous avez aussi un très bon résumé de Christel sur le blog de sa jolie boutique Auguste et Pénélope qui résume très bien les choses.
Et ce qui est formidable, c’est que comme pour l’alimentation, l’offre est de plus en plus importante. Comme le souligne Clotide du blog Couture et Clo’s dans son récent post sur le sujet.
Pour me coudre mes vêtements, je me fournis essentiellement chez Aurélie, de Fil Etik, dont vous pouvez retrouver le portrait ici. Je me rends compte aussi que je couds moins. Je réfléchis plus avant de me lancer dans un patron. Bon, il y a un peu (beaucoup) le manque de temps ces derniers mois, conjugué à des problèmes familiaux graves qui m’ont pompé toute mon énergie. Mais quand même, quand je me suis lancée dans la couture j’enchaînais les modèles, j’achetais frénétiquement patrons et tissus qui me plaisaient sans me poser plus de questions.
Aujourd’hui quand je couds une pièce, je sais que je vais la porter sans me lasser, je sais que le tissu est exactement ce que j’attendais. Je sais qu’elle finira usée. Quant aux modèles que je dois coudre pour réaliser les prises de vues pour mes livres, je les offre. Ça fait des heureuses.
Et pour celles qui se posent la question de l’argument financier « oui mais les tissus bios sont plus chers ». J’argumenterais juste qu’il faut comparer ce qui est comparable. A qualité égale. Et quand on achète moins mais mieux, on reste à budget constant. En tous cas c’est ce qui s’est vérifié chez moi. Et vous pouvez demander à mon entourage, je suis la Monica des comptes (et pas que des comptes, hum…) #generationfriends
Un peu de lecture pour aller plus loin
Si vous voulez aller plus loin sur ces questions, je vous conseille différents documents disponibles en pdf :
Des petits fascicules coordonnés par l’ADEME carnet de vie d’un t-shirt et carnet de vie d’un jean. Comment sont-ils fabriqués, leur impact sur l’homme et l’environnement, et quelques clefs pour les choisir et les entretenir.
Le livre le revers de mon look, toujours par l’ADEME, très complet, avec un point sur l’industrie textile, le cycle de vie des produits textiles, les différentes matières (animales, végétales, synthétiques), les traitements, la teinture le transport des vêtements… Si vous n’avez le temps d’en lire qu’un seul, c’est celui-ci.
Un gros pavé, en anglais, édité par l’université d’Aalto (Helsinki, Finlande), Sustainable Fashion : new approaches. Un questionnement sur la mode éthique, son esthétique, les supports techniques et marketing à sa disposition, les perspectives commerciales qui en découlent. Une nouvelle façon d’envisager la mode. C’est hyper complet et très intéressant. Un peu d’espoir au moment où on peut lire des chiffres qui font froid dans le dos concernant la fast fashion : ses collections qui changent des dizaines de fois par an et ses stocks qui terminent détruits pour des questions purement comptables.
Ce qui est chouette, c’est que c’est nous qui avons le pouvoir de changer les choses. Et particulièrement quand on coud, parce que l’on maîtrise encore plus ce que l’on porte, c’est nous les petites mains derrière la machine…