Mamie Colette ZD

Rencontre avec Mamie Colette et le ZD

Zéro Déchet ?

Il est intéressant de prendre un peu de recul parfois. Lorsque j’ai entendu parler de la démarche zéro déchet (je dirais il y a 5 ans environ), je me souviens qu’au début, je regardais tout cela avec beaucoup de circonspection. Mais comment donc pouvait-on ne produire qu’un seul bocal de déchets non recyclable, non compostable en une année pour une famille de 4 personnes ? Mais vraiment, comment bon sang ? Puis je dois avouer que mon questionnement en est resté là.

Bobo-bio-écolo

Nous étions déjà dans une démarche écolo. Nicolas s’était reconverti pour être en accord avec ses principes. D’ingénieur en microélectronique pour une multinationale qui travaillait entre autre pour l’armement et le spatial, il s’est reconverti dans la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables. Il a divisé son salaire par deux, mais au moins il est heureux de se lever le matin. Nous n’avions pas de voiture avant d’arriver sur Gap, nous avons été pendant 5 ans en a (maintenant cela s’appelle Citiz) à Grenoble. C’est une entreprise d’autopartage. vous adhérez à l’association, et vous louez une voiture quand vous en avez besoin. Et quand il a fallu acheter une voiture, car dans les Hautes-Alpes, on ne peut pas vraiment faire sans et l’autopartage n’existe pas encore, nous l’avons choisie d’occasion, hybride et petite. Sur Gap nous avons aussi choisi un fournisseur d’énergie écolo et engagé, quitte à ce que ce soit un peu plus cher (Enercoop). Je couds du tissu bio exclusivement, pour mon entreprise ou pour nous. Nous achetons ce qui nous semble être l’essentiel, en cherchant d’abord de l’occasion. Nous mangeons local et bio, je suis végétarienne depuis un bon moment (c’est un peu facile, je n’ai jamais vraiment aimé la viande). Nous ne prenons plus l’avions depuis 12 ans et on fait un maximum de déplacement à pieds ou à vélo.

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Bref, j’avais d’impression de faire ma part, comme le colibri cher au mouvement de Pierre Rabhi dont nous avions lu les livres avec passion. Et toutes ces façons de faire ne sont même pas des contraintes, plutôt d’autres manières de vivre qui nous conviennent très bien, et qui pour la plupart nous simplifient la vie.

Mais quand même, cette histoire de déchets me titillait. Et me culpabilisait aussi. Et au lieu de me faire passer à l’action, ça avait plutôt l’art de m’agacer franchement. Du coup, à chaque fois que j’ouvrais la poubelle pour y mettre quelque chose, j’ai fini par me demander “comment ne pas le jeter” ? Parce que c’est surtout ça, le truc. Le déchet non produit est le meilleur, exactement comme l’énergie dans la démarche négawatts.

Des livres sur le Zéro Déchet

Du coup, ça a fini par tellement m’énerver que je me suis décidée à ouvrir les livres en question, Zéro Waste Home d’abord, pour me rendre compte que loin d’être moralisateur ou culpabilisant, la démarche était stimulante et allait bien plus loin que simplement réduire ses déchets. C’est notre façon de vivre que cela remet en cause. De quoi a-t-on besoin. Comment consomme-t-on.

Les livres sur le ZD de notre bibliothèque.

Pourquoi étais-je capable de m’enflammer dans une discussion avec mes élèves autour du textile bio, et de rester avec ma poubelle à l’identique ?

Alors petit à petit, j’ai lu, chercher, trouvé, expérimenté. Le composte est devenu un réflexe, et les sacs à vrac en tissu ont remplacé les sacs en papier. Les savons liquides ont cédé la place aux savons de Folie Verte. A chaque fois que j’achète quelque chose, je me pose la question du besoin. Et de la possibilité de le trouver d’occasion en premier lieu. Ça ne m’empêche pas de me faire plaisir ou de gâter mes proches, d’acheter des trucs emballés parfois (ce qui me fait râler quand même). Et finalement, vous savez quoi ? C’est plutôt facile, tous ces petits gestes. Et très stimulant si l’on réfléchit à “comment je pourrai faire autrement, ou m’en passer ?”

Et surtout, cela m’a permis de tomber sur des créatrices pleines de talent. Vous allez me dire, les sacs à vrac, franchement, je pourrais les coudre. Oui, c’est sûr. Mais quand d’autres le font si bien, avec beaucoup d’humour, des valeurs qui me tiennent à cœur et qu’en plus ça me permet de soutenir leur travail, je suis fan (je reviendrais sur ce point crucial dans mon prochain, et dernier détour).

Je suis donc très heureuse de laisser la place à Delphine, la créatrice de la marque Mamie Colette.

 

Mamie Colette : rencontre avec sa créatrice, Delphine.

Bonjour Delphine, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Delphine, mariée à Régis, belle-mère de Jules 21 ans et maman de Charles 11 ans et Ava 4 ans, nous sommes une happy family recomposée.

Mamie Colette ZD

Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant Mamie Colette ?
J’ai travaillé 15 ans en restauration : salle, cuisine et bar.

Comment est née Mamie Colette ?
Suite à la lecture du livre de Bea Johnson Zero waste home je me suis aperçue qu’il manquait des “outils” pour pratiquer le zéro déchet.

Pouvez-vous nous décrire le parcours d’un sac à vrac, de l’idée à la mise dans l’enveloppe vers l’acheteur ?
Pour les sacs à vrac, le tissu est un coton biologique non teinté qui vient de Turquie où il est fabriqué en commerce équitable. Ensuite le tissu arrive à l’ESAT (une ESAT est un lieu de travail pour les personnes en situation de handicap). Puis nous récupérons les sacs où nous pratiquons une sérigraphie avec une encre à l’eau (la plus écologique qui soit) et nous passons les cordons qui sont en tissu recyclé. Nous envoyons les commandes à nos clients par La Poste dans une enveloppe sans aucun emballage à l’intérieur.

Mamie Colette ZD Mamie Colette ZD

Pouvez-vous nous parler des produits que vous vendez dans votre boutique ?
Mamie Colette propose des sacs à vrac afin de réduire les emballages (sacs pour les fruits et légumes, toute l’épicerie en vrac tel que pâtes, riz, céréales, sucre, farine, etc.) Nous proposons aussi des mouchoirs vendus dans un sac avec séparation (mouchoirs propres d’un côté et sales de l’autre) afin de réduire les mouchoirs à usage unique, des serviettes d’invité afin de ne plus acheter de serviettes en papier et des lingettes démaquillantes afin d’arrêter les cotons jetables.

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Comment choisissez-vous les messages sur les sacs ?
Les messages représentent quelque chose de très important dans ma vie de tous les jours….  Ce n’est pas anodin de tomber sur un message au hasard d’une rue, d’un sac etc. c’est pour cela que je mets des messages sur mes sacs, c’est comme si j’envoyais une bouteille à la mer pour que quelqu’un le trouve. Pour choisir mes messages je me sers de mes valeurs et de mon intuition mon cœur, des phrases ou affirmation qui sont importantes à mes yeux.

Vous travaillez avec des fournisseurs engagés, c’est important d’être cohérente de bout en bout ?
Oui, j’essaie de trouver des fournisseurs engagés mais c’est la partie la plus difficile. Il m’a fallu un an pour que le projet Mamie Colette soit aussi engagé écologiquement que professionnellement, éthiquement et solidairement.

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Pouvez-vous nous parler de votre engagement personnel vers un mode de vie durable et le zéro déchet ? Est-il récent ? Y a-t-il eu une prise de conscience à cause d’un fait précis ?
J’ai démarré le zéro déchet en 2013 quand j’ai lu Zero waste home. Je faisais mon tri et j’avais un compost, j’étais déjà sensible à la réduction des déchets mais avec ce livre j’ai constaté que l’on pouvait aller beaucoup plus loin en matière de réduction des déchets.

C’est difficile de devenir ZD ?
Oui et non, il y a des périodes plus faciles que d’autres c’est selon les personnes et les évènements.

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Des conseils pour ceux qui sont encore un peu effrayés de passer au ZD ?
Chacun à son rythme et sans jugement c’est la clé de la réussite !! Commencer par ce qui vous fait le plus plaisir cela peut être de la lessive maison ou des cosmétiques naturels. Personnellement j’ai commencé par la cuisine car c’était le plus simple pour moi.

Un kit de départ à conseiller pour se lancer ?
Quelques sacs à vrac, un ou deux filets, des mouchoirs et des lingettes démaquillantes plus un “oriculi” pour tous les membres de la famille, c’est bien déjà !!

Est-ce que vous cousez ? Comment achetez-vous vos vêtements ? Avec la même attention que pour les courses du quotidien ?
Pas du tout, c’est pour cela que Mamie Colette est née car je me suis dit qu’il y aurait plein d’autres personnes comme moi qui voudrai réduire leurs déchets mais qui ne savais pas coudre leurs outils zéro déchet. J’achète beaucoup de vêtements d’occasion sur Internet mais je ne suis pas irréprochable sur l’achat de vêtement c’est un de mes points faibles encore, j’achète très peu mais j’aime avoir quelques belles pièces,
je ne désespère pas et je pense que l’offre de l’occasion va de plus en plus se démocratiser.

Une anecdote pour terminer ?
Le zéro déchet a été une découverte merveilleuse. Il m’a appris à mieux me connaître moi et mes VRAIS besoins et il m’a permis de devenir une chef d’entreprise libre et heureuse !
Travailler en accord avec ses convictions et ses valeurs est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie professionnelle. Je me lève tous les jours avec l’envie de travailler et d’apporter ma contribution à la préservation de notre planète et ça c’est canon comme style vie.

Les photos de l’interview sont créditées ©Mamie Colette

Je vous avais déjà proposé l’interview d’Aurélie, la créatrice du site de vente de tissus biologiques Fil Etik. J’aime beaucoup en savoir plus sur les créatrices que j’admire, et j’essaierai de vous proposer ces rendez-vous plus souvent s’ils vous plaisent. Et cela va aussi dans le sens des achats qui ont du sens. Je sais à qui j’achète, comment c’est fait et avec quelles valeurs.

La phrase du Dalaï-Lama sur l’un des sacs de Delphine me plaît beaucoup : “Si vous avez l’impression d’être trop petit pour pouvoir changer quelque chose, essayez donc de dormir avec un moustique et vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir.” Nous avons le pouvoir de changer les choses. Ça me porte tous les jours dans ma façon d’être et de créer, je trouve que c’est très enthousiasmant et surtout surtout, plein d’espoir.

 

1 réflexion sur “Rencontre avec Mamie Colette et le ZD”

  1. Merci, Emilie de nous faire partager ton enthousiasme dans cette démarche et de nous faire connaître cette créatrice, j’aime beaucoup ses jolis sacs et le choix de prendre chez chacun ce qu’il peut nous apporter me parle beaucoup ! Ainsi chacun fait sa part au mieux !
    Un jour nous ferais-tu un “détour” par les papiers, et comment ranger de façon respectueuse de l’environnement, avec des bonnes adresses, comme celle de Mamie Colette mais pour toute la paperasserie ! Merci et à bientôt avec joie !

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