Rencontre avec Cécile Réty et sa mercerie artisanale Atelier Camelir

20/03/2020

Comment je travaille, avec quels outils, quelles matières, dans quelle ambiance.
Je vous invite à rentrer dans mon atelier.
Vous entendez le bruissement du tissu, le tactactac de la machine à coudre et les neurones qui chauffent ?

Cécile est une créatrice dont on reconnaît le travail au premier coup d’œil. Sa mercerie artisanale est inspirée par la nature qui l’entoure, les belles matières durables et délicates. Boutons de porcelaine et autres pièces de cuir agrémentent à merveille toutes les pièces cousues, que ce soit des accessoires ou des vêtements.

J’aime particulièrement collaborer avec des artisans dont j’admire le travail. Pour La Chemise, le dernier Basiques de la collection Les Basiques d’Emilie aux Editions La Plage, il était évident que les boutons seraient ceux d’Atelier Camelir.

Avec Cécile, nous habitons à quelques virages de route de montagne l’une de l’autre. Des valeurs qui nous rassemblent, des projets communs (avec Aurélie de Fil Etik), et de fil en aiguille, Cécile est devenue une amie. C’est avec plaisir que je vous dévoile ici les coulisses de son atelier, son sourire, sa douceur et son parcours créatif toujours plus engagé.

Atelier Camelir

Cécile, peux-tu nous parler de ton parcours jusqu’à Atelier Camelir ?

Depuis toujours je crée, je couds, je tricote, je bidouille… Certainement par mimétisme en voyant faire ma maman, mes grands-mères et mon grand-père commercial en mercerie.
Mon grand-père était représentant en mercerie, et petite je jouais avec les boutons et les galons et dentelles qu’il avait dans sa grande valise de travail. J’ai d’ailleurs gardé des planches de boutons, des échantillons des années 1970 -1980 en souvenir.

J’ai suivi un parcours plutôt classique mais malgré tout artistique avec un bac littéraire option art, puis j’ai fait une année de fac d’histoire de l’art durant laquelle je me suis rendu compte que j’avais besoin du contact avec la matière. J’ai passé l’année suivante à tester différents métiers comme stagiaires dans des entreprises artisanales : vitrail, tapisserie d’ameublement, menuiserie.
Entre-temps, j’ai fait la connaissance d’une femme qui travaillait à son compte : elle dessinait et fabriquait des doudounes et combinaisons de ski pour des boutiques en station d’hiver (j’habite à la montagne). J’ai fait un stage chez elle et j’ai fini par rentrer en BTS matériaux souples pour apprendre à coudre de manière professionnelle et surtout pour apprendre à être modéliste industrielle.

De modéliste industrielle à céramiste

Dans une entreprise textile, la modéliste est la personne qui passe après la styliste pour interpréter son croquis et le rendre réalisable. La modéliste traduit le croquis en patron et grade en plusieurs tailles le modèle, réalise des gammes de montage pour les personnes qui vont coudre les vêtements dans l’entreprise.
Après avoir obtenu mon diplôme, je n’avais aucune envie de travailler à Paris ou dans une grande structure industrielle … Je voulais déjà être mon propre patron et surtout travailler de manière artisanale !
J’ai travaillé chez un tapissier d’ameublement, dans un magasin de tissus, j’ai donné des cours de couture dans les comités d’entreprise de grandes sociétés, puis je suis devenue assistante de création pour une entreprise grenobloise de design et objets déco. À la naissance de ma première fille, j’ai décidé de sauter le pas, j’ai quitté mon poste et créé mon activité. Je me suis dirigée d’abord vers la création d’accessoires de mode en cuir. En parallèle j’ai rencontré une potière qui m’a initié à la céramique. J’ai découvert l’argile et expérimenté les textures, les couleurs, les cuissons à haute température, j’ai peaufiné mon style et trouvé le système de fermeture original que je cherchais pour mes sacs : les boutons en porcelaine. Les premiers boutons ont beaucoup plu et les clientes m’ont demandé de leur vendre pour accessoiriser leurs créations à elles. C’est ainsi qu’est née la première collection de boutons.

Peux-tu nous décrire un peu plus Atelier Camelir ?

Aujourd’hui je ne réalise plus de collections d’accessoires de mode en cuir, je concentre mon travail sur les loisirs créatifs. Camelir est une marque de mercerie artisanale avec des kits pour s’initier à la couture du cuir, stages à l’atelier pour partager un moment d’artisanat, et bien sûr, des boutons artisanaux en porcelaine pour agrémenter tricots et garde-robe home made.

Quelles sont tes matières préférées ?

Les matières naturelles sans aucun doute ! Le lin, le cuir et la porcelaine sont mes trois matières de références, celles que j’aime travailler et qui m’inspirent tous les jours. Il ne me semble pas avoir « découvert » le lin, il me semble l’avoir toujours connu par le biais de ma grand-mère et de ses draps en lin et de ma mère qui m’a transmis ce goût des matières naturelles, respirantes presque vivantes. J’utilise du lin très brut de couleur gris naturel dont le tissage lâche laisse parfois apparaître la fibre végétale ; je le travaille tel quel ou je le décatis pour lui donner un aspect plus doux, voir vieilli. J’utilise également des draps anciens blanc/écru pour la touche upcycling de mes packagings. Le cuir est aussi une affaire de famille ma mère l’utilisait pour relier les vieux livres qu’on lui apportait à restaurer. J’aime le cuir épais dans des teintes naturelles.

Cécile Réty Atelier Camelir

Tu apportes beaucoup de soin au packaging ?

Je ne sais pas si on reconnaît tout de suite la patte Camelir !  En tout cas j’adore m’occuper du packaging, j’aime prendre soin de ce que le client va découvrir en premier lorsqu’il va ouvrir sa commande ou lorsqu’il découvre mes produits sur un salon. Je pense que le packaging fait partie de l’image de ma marque, et c’est important de le soigner !

La nature est primordiale pour toi ?

Oui, c’est ma première source d’inspiration, la nature et le végétal. Autant par les motifs que par les couleurs que nous offre la nature. J’aime les fleurs et les herbes sauvages, les lichens couleur moutarde ou grisonnants, les herbiers et les planches de collection d’insectes façon entomologiste.
J’imprime sur mes boutons des motifs d’insectes ou des fleurs des champs. J’aime tellement le végétal que j’ai pris l’habitude d’organiser un troc de plante /vide atelier à l’atelier chaque printemps et chaque automne, l’occasion de se retrouver pour un partage et un échange convivial.

Cécile Réty Atelier Camelir

Peux-tu nous parler du cuir ?

Il ne faut pas avoir peur de se lancer dans la couture du cuir. Je comprends que cette matière fasse un peu peur car si la couture est ratée c’est irrémédiable, si on découd on va voir les trous de l’aiguille… Mais franchement je trouve que c’est encore plus simple que de coudre du tissu. Pour débuter on peut avoir des finitions très jolies sans être obligé de doubler son ouvrage et ça c’est quand même super ! Pour commencer, il faut utiliser un cuir fin du type agneau plongé, une aiguille spéciale cuir, et c’est parti ! J’ai écrit un article sur mon blog pour connaître les bases.

Tu nous emmènes faire un tour dans ton atelier ?

Il se trouve au cœur d’un petit hameau de montagne. La vie est inspirante ici pour peu que l’on aime la nature et le rustique. Ce sont des paysages et des couleurs naturelles et un air si frais qui nourrissent mon travail au quotidien.
Mon atelier se situe au rez-de-chaussée de la maison familiale. C’était la poste du village avant d’être l’atelier d’un menuisier. Autant dire que ce lieu est une pièce vouée à l’artisanat et à l’échange ! Nous avons tout refait dans cette maison, dont le plancher de l’atelier qui tombait en ruine.
Aujourd’hui l’ambiance est naturelle avec les murs à la chaux et les carreaux en pierre au sol. J’ai décoré ma pièce avec des meubles de famille qui me sont chers : meubles de métier de mon grand-père et grand miroir trumeau qui me sert de mood board. Il y a beaucoup de plantes, des boutures et mes succulentes préférées. On entend le bruit de l’eau de la fontaine adjacente à la maison, tout cela favorise le calme nécessaire à la concentration qu’exige la création. Voilà pourquoi je m’y sens bien.

Tu aimes participer à des foires et salon ?

Je travaille seule toute l’année dans mon atelier – j’aime ça car je suis une solitaire – mais de temps en temps j’adore aller à la rencontre de mes clientes et échanger avec elles. C’est important pour entretenir la flamme ! Ça permet de se renouveler, c’est un challenge. J’aime mettre beaucoup d’énergie créative pour penser aux nouveautés, innover pour avoir un joli stand…En 2019, j’ai participé au Knit Eat à Lyon, ainsi qu’à la Grande Mercerie. J’aimerais beaucoup être présente sur d’autres grands salons Parisiens mais aussi participer à de plus petits événements locaux. Tout n’est pas encore fixé, je garde aussi de la place pour de l’imprévu ! N’hésitez pas à me suivre sur Instagram pour connaître toutes les dates au fur et à mesure que l’année se déroulera.

As-tu le temps de coudre ?

J’adore coudre, malheureusement dans mon emploi du temps de Maman entrepreneuse je n’ai pas beaucoup de créneaux libres. Alors la couture pour moi c’est plutôt le week-end et parfois le soir !
Mon petit luxe : j’ai installé ma petite machine familiale sur le palier des chambres à l’étage et je peux ainsi coudre des petites bricoles quand j’ai envie. Pour les choses qui demandent un peu plus de temps comme les vêtements pour moi ou pour les filles je ne peux jamais faire tout d’un seul coup, je trace le patron dans un premier temps, puis je découpe le tissu et étape ultime je couds mon projet.

Comment vois-tu l’avenir pour Atelier Camelir ?

J’aimerais pouvoir m’entourer d’une petite équipe sérieuse, dynamique et bienveillante pour m’aider à faire grossir mon activité. Clairement il y a des domaines que je ne maîtrise pas, voire pire dont je ne connaissais pas l’existence et qui pourtant sont essentiels dans une petite entreprise à savoir le démarchage commercial, le développement marketing, le branding… Chaque jour est une aventure !

N’hésitez pas à faire un tour sur le site de Cécile. Vous allez adorer vous perdre dans son univers généreux et délicat. Pour La Chemise, le dernier Basique dans la collection Les Basiques d’Emilie aux Editions La Plages, j’ai choisi entre autres ses boutons papillons bleus.

Sur mon site, vous pouvez retrouver d’autres Rencontres, comme celle d’Aurélie du site de textiles biologiques Fil Etik.

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